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DÉMARCHE LORI HP
Je suis une
artiste multidisciplinaire de formation
professionnelle en art dramatique, autodidacte en arts visuels, et avec une pratique en arts martiaux. Les liens que je fais entre
ces arts distincts m’offrent des référents qui guident ma pratique. Pour moi ces arts se recoupent, se recouvrent, s’interpellent et se
renseignent en écho au delà des langages spécifiques et des techniques particulières.
Mise
en jeu organique
Mon travail
répond à une nécessité interne. L’élément déclencheur peut être un rêve, un
fantasme, une vision ou un contenu émotionnel qui émerge, provoqué par une
image intérieure ou extérieure. Je crée parce que j'éprouve le besoin de donner forme et vie à ma réflexion sur le monde, à ce que j'en perçois, à ce qui me traverse et me transforme. Je cherche à donner sens à ce qui m'arrive, à ce qui nous arrive collectivement et à ce qui m'entoure. En
suivant authentiquement ma propre voie je mets en place une méthode de travail
et j’explore des thèmes particuliers qui se révèlent comme persistants. Je mets en œuvre la
présence, la patience et la minutie.
L’expérience de la
miniature et du papier, langage de l’économie et de la densité
Les raisons du
choix de la miniature et du papier ont été à la fois ordinaires : le manque de
ressources, pratiques : l’encombrement de l’espace et morales : allégement de
l’empreinte environnementale. Pourtant, elles ne furent jamais perçues comme
des limites à transcender, mais comme des balises qui canalisent le flux
créateur et l’entraînent dans le courant authentique et singulier du plaisir. Aujourd'hui ces raisons sont devenues un choix assumé. Par la sobriété artistique je m'associe au courant du «slow art». J'érige mes œuvres en geste de résistance face à un système qui favorise l'immédiateté et je vis mon art comme un exorcisme par la joie et la couleur. Chaque nouveau projet se présente comme un hymne à la lenteur, mise en jeu grâce au tai-chi que j'ai enseigné et pratique encore.
J’aime la miniature parce
qu’elle mobilise mon énergie en un point focal minimal, un micro trou noir qui
ouvre sur un champ infini, une expérience éminemment méditative et jubilatoire. Mon travail invite le spectateur à aller vers l'oeuvre pour en saisir l'essence.et s'offre comme moyen d'affirmer le poétique et le vivant. Pour ce qui est
du papier c’est son aspect paradoxal qui me stimule, fragile et robuste, docile
et rebelle, sa maitrise se situe entre jeu et combat.
La quête, papier mâché (7 cms)
Photo Réal Capuano

Au commencement il y eut le désastre de l’enfant
À ne pas naître.
Ensuite il y eut l’absence de mots pour dire,
Et l’absence d’oreilles pour entendre
Les cris rauques de bête.
Alors, il y eut le crayon et la main.
Ils ont griffé le papier jusqu’au sang
Jusqu’au cri, jusqu’aux os.
Ils ont caressé, gratté, effacé,
Fouillé les chairs vives
De ce palimpseste éphémère
De la mémoire du Monde.
De l’espace créé à même le vide
Apparut, l’enfant fantôme des temps obscurs.
Rebelle, têtue et volontaire.
De ses abîmes, elle parle aux oiseaux.
Ses silences sont des pierres
Où les larmes se brisent,
Ses éclats de rire, de clairs ruisseaux
Qui caracolent vers la mer.
Elle me prête ses yeux et je vois
La lumineuse unité des mondes
Je lui prête mes mains et elle ensemence
Des chimères aux fibres du papier